Les familles influentes, en Europe, sont nombreuses et reconnues. Cependant, sur toutes les lèvres, les noms Bach et Feuer sont murmurés avec un mélange de respect et de crainte, tout particulièrement s’ils sont mentionnés ensemble. La rivalité des deux clans semble aussi ancienne que leur arrivée en Europe il y a de cela des siècles. Présentes dans la plupart des sphères du pouvoir, possédant d’immenses territoires et d’innombrables richesses, elles sont les seules à pouvoir se faire obstacle dans leur recherche d’influence, et le font sur une base régulière avec une hargne anormale, même pour des gens de leur rang.

Pour comprendre cette haine, il faut d’abord connaître le secret que ces deux familles partagent, extrêmement bien gardé. Caractérisées d’une histoire peu commune, ces familles comptent en effet chacune 10 membres abritant en eux un animal précis qui leur confère des capacités et des habilités au-delà de ce que n’importe quel mortel pourrait espérer. Cette bénédiction ne vient pas sans désagrément, puisque plus l’animal est puissant, plus la santé de son porteur s’en verra affecter, ne pouvant parfois pas espérer vivre plus qu’une quarantaine d’années. De plus, ceux qu'on appelle les maudits ne peuvent de nos jours plus contrôler leur partie animale: la transformation est inévitable lorsqu'ils sont en proie à des émotions trop violentes. La plupart de ces animaux font partis de ce que l’on retrouve dans la nature, à l’exception du phénix des Feuer et du dragon des Bach, les plus puissants de leur membre, sur lesquels le chef a un contrôle total. Ces chefs ne sont pas en reste, ayant la capacité unique d’asservir n’importe quel membre maudit de leur famille par le seul son de leur voix. Les deux clans, pourtant si semblables, partagent depuis des centaines d’années des points de vue divergents, se percevant l’un l’autre comme l’obstacle à l’obtention du pouvoir absolu. Ils se livrent donc une guerre de toutes les manières possibles – ou du moins tant que les chefs le verront pertinents.

La derrière rumeur court que les familles essaient de trouver l’hôte d’un animal – celui de la licorne. Ne faisant pas parti d’aucun des deux clans, cette personne aurait dit-on la capacité de redonner au phénix et au dragon leur puissance d’antan, ou amène à tout le moins chance et prospérité à ceux autour d’elle. Étant vu comme la clé pour asseoir sa puissance sur l’autre famille, la licorne sera-t-elle retrouvée, elle dont on ne sait qu’elle se trouve actuellement tout près, et par quelle famille?

Et quel sera votre rôle dans tout ça - serez-vous maudit ou un simple membre d'une famille, serez-vous chef ou étranger?

« Dans un village oublié du monde, au cœur de l’Orient, se murmure une légende qui habite le cœur des habitants depuis les tout début du monde tel que nous le connaissons. Il se dit que, lorsque les dieux créèrent l’homme dans ce monde appartenant aux animaux, ils confièrent au phénix et au dragon, créatures célestes, la tâche de veiller sur leur nouvelle création. Ces dignes bêtes prirent forme humaine et, se mêlant aux hommes, furent vénérées par les premières civilisations du territoire qu’on appelle aujourd’hui la Chine. Pendant des siècles, ils prirent une part importante dans les avancées des sociétés orientales, inspirant les mythologies des peuples avoisinants. Alors que les populations grandissaient en nombre, les deux créatures divines allèrent chercher des alliés dans le règne animal pour continuer à guider l’espèce humaine dans le droit chemin. Au fil des époques, ils furent 18 représentants de leurs espèces à prendre place au côté du phénix et du dragon sous un visage humain grâce à la magie de ces derniers.

Les créatures célestes n’étaient cependant pas faites pour vivre avec les hommes, pour respirer le même air qu’eux ou vivre la même vie. Loin de leur royaume, leur côté humain prit de plus en plus le dessus dans un processus d’adaptation. Développant des émotions humaines – souhaitables autant que déplorables – ils prirent femmes ou maris, eurent des enfants plus mortels que divins et leurs influences sur les hommes devinrent de plus en plus néfastes. Voyant cela, les Dieux ne restèrent pas indifférents, et donnèrent à deux hommes justes et bons le pouvoir de contrôler au seul son de leur voix les bêtes corrompues. La paix fut rétablie pour un temps, mais la nature humaine fini par retrouver son emprise et causa la rupture précurseur de toutes les autres : entre l’hôte du Phénix et l’hôte du Dragon se déclara une guerre d’idéaux et d’intérêts, séparant les bêtes sacrées et leur maître en deux clans distincts.

À cet événement suivi la mortalité nouvelle des bêtes célestes qui, ayant perdu toute trace du divin, se voyait réduit à un état plus humain que sacré. Il se découvrit cependant bien vite qu’après la panique générale engendrée par la mort du dragon, l’âme de celui-ci ne disparaissait pas, s’attachant à l’âme d’un bébé naissant au sein de la famille. Ce phénomène n’était pas seulement restreint à la créature mythique, mais également à tous les autres animaux ainsi que leur chef, et l’esprit pouvait renaître dans n’importe quel nourrisson ayant un lien de sang, fort ou faible, avec la famille d’origine. C’est depuis ce jour que, suite à la décision du chef d’alors qui tenait à avoir une mainmise sur tous les membres du clan, les mariages arrangés entre cousins éloignés et un contrôle total de toutes personnes – particulièrement les femmes – se mariant à l’intérieur de la famille sont favorisés et voire même obligés.

Au fil des années, les deux familles influentes – s’étant donné le nom de Feuer et Bach – migrèrent eu Europe où le pouvoir s’était concentré, mêlant ainsi différentes origines et ethnies sous le contrôle indiscutable de leur chef. S’ils s’évitaient comme la peste et se déclaraient une guerre sur tous les plans, ils ne semblaient pouvoir réellement vivre bien loin l’une de l’autre. À mesure qu’ils perdirent leurs origines divines, le pouvoir des créatures les plus puissantes devint trop à supporter pour leur corps de mortel, et ceux-ci en subirent le contrecoup en voyant leur santé se dégrader et leur espérance de vie diminuer. Tout d’abord capable de se transformer à volonté mais préférant l’éviter pour mieux se mêler à la société, ils devinrent inaptes à contrôler ce pouvoir, ne prenant leur forme animale que lorsqu’en proie à des émotions trop fortes.
         
     De nos jours, ce destin prend des allures de malédiction, d’une prison dorée. »